Le vermifuge et nous, c'est une longue histoire ! Dans cet article, je vous explique un peu mon parcours avec le déparasitage des chats, le vermifuge, l'hygiène, les crottes des chats, nos aventures, nos misères et le chemin vertueux qui est aujourd'hui le nôtre. Cet article ne remplace pas l'avis de votre vétérinaire et avant toute chose, je vous recommande d'échanger avec lui. Je ne suis pas de ceux qui pensent que le vétérinaire a toujours tout faux et j'essaie toujours d'écouter le mien !  🙂

1) Le vermifuge et les parasites, avant d'être éleveuse

Avant d'être éleveuse, je n'avais jamais eu de soucis de parasitage. J'avais eu en même temps tout au plus 4 chats adultes et tout roulait. Je faisais un à deux vermifuges par an grand max. Généralement je donnais le vermifuge Milbemax, vermifuge qui est généralement donné en première intention par les vétérinaires. Mes chats étaient parfois (pas tout le temps) un peu barbouillés après, mais tout rentrait dans l'ordre assez rapidement. Le vermifuge et les parasites, à cette époque, n'étaient pas un sujet qui me préoccupait plus que ça.

2) Le début de l'élevage, prise de conscience sur les parasites & l'importance du vermifuge

J'ai adopté Jun en 2014 et j'ai décidé de la faire reproduire en 2015. En 2016 après une première portée pour laquelle j'ai suivi consciencieusement tous les protocoles vétérinaires de vermifugation conseillés, j'ai passé mon CCAD nouvellement appelé ACACED (formation éleveur). Je suis rentrée de là complètement traumatisée voulant désinfecter toute ma maison. La formation m'a fait prendre conscience du danger du parasitage et à partir de là, je me suis donc employée à avoir une tolérance 0 sur les parasites.

Cette même année, j'ai accueilli Nibi, Mikasa puis Sakura début 2017. Si pour Nibi et Mikasa, il n'y a pas eu de problèmes; Sakura, elle, est arrivée à l'âge de 6 mois infestée de parasites intestinaux (maheureusement, il est assez classique quand vous achetez en Russie que les chats arrivent avec des parasites, de toute sorte ... Comme beaucoup d'éleveurs français, j'ai acheté 95% de mes reproducteurs en Russie, donc je sais de quoi je parle.). Si bien que quand mon conjoint l'a vue la première fois, il m'a dit "cette chatonne n'a pas 6 mois, elle en a 3 tout au plus". Bon, alors, Sakura est Silver shaded et les chats de cette robe sont généralement de plus petit gabarit ... mais il est vrai qu'avec le recul, Sakura était vraiment minuscule pour son âge (d'ailleurs, son surnom, c'était "Minus"). Une fois les parasites identifiés via une coprologie (analyse des selles en laboratoires), on a traité tout l'élevage avec le vermifuge adapté et fort heureusement on s'en est sortis ... MAIS je suis tombée dans une sorte de phobie des parasites intestinaux. Ce n'était plus de la tolérance 0, c'était tolérance -4000. Je me suis mise à vermifuger mes chats tous les 2 mois, même quand tout allait bien. 🙁

Résultat du vermifuge systématique ? Je ne m'en sortais plus ! Le transit de la plupart de mes adultes était stable mais je voyais bien que ça les irritait tout de même un peu. Quant aux chatons, les selles étaient parfaites jusqu'au premier vermifuge et après, patatra ! pour certains, c'était - ce que j'appelle affectueusement - la cacastrophe = selles molles à diarrhées. Je travaillais dur les semaines suivantes pour rattrapper la "douche intestinale" que je leur avais fait subir, puis une fois retapés, je faisais le rappel de vermifuge et rebelotte. 

À cette époque, je faisais une coprologie annuelle et tout revenait toujours négatif. Encore heureux ! Mais cela me contrariait d'avoir des diarrhées sur les chatons, dès que je donnais ce foutu vermifuge ... je sentais au fond de moi que je faisais complètement fausse route !

3) Réflexions et échanges sur le vermifuge

J'ai donc réfléchi dans mon coin sur ces histoires de vermifuge de malheur ... J'ai partagé mes constats et mes expériences avec d'autres éleveurs expérimentés. J'ai bcp discuté avec mon vétérinaire et j'ai eu une discussion avec une chef de labo. Ces échanges ont été décisifs et m'ont définitivement convaincue qu'il fallait faire autrement.

1) Tout d'abord, ma vétérinaire a suivi une conférence sur la parasitose des bovins. Un vétérinaire spécialiste était présent et a expliqué que nous faisions fausse route en élevage. On donne des vermifuges en préventif alors que ce sont des traitements curatifs. Par ailleurs, à force de donner des traitements curatifs en guise de traitements préventifs, des résistances se créent et il y a danger. Comme pour les antibiotiques, une fois que la résistance bactérienne / parasitaire est créée, on ne peut plus traiter et cela peut avoir des conséquences gravissimes.

2) La chef de laboratoire en charge des analyses de mes chats m'a remis les idées en place en explosant de rire lorsque je lui ai expliqué ma situation. Elle me dit "Mais vos chats ? Ils sortent ?", je réponds que non ... Elle explose de rire et m'explique que par conséquent, ils ne peuvent pas miraculeusement devenir farcis de parasites du jour au lendemain en vivant à l'intérieur, dans un environnement propre, régulièrement désinfecté, et en étant gavés de vermifuge depuis un certain nombre d'années ... même si ma chienne sort, comme elle est aussi traitée régulièrement ... Tout ceci n'a pas de bon sens à ses yeux et moi ... eh bien ... je me sens bête ce jour là. 

3) La plupart des éleveurs ayant de la bouteille m'ont dit la même : on ne vermifuge quasi plus, sauf si problèmes avérés ou à certaines occasions précises (avant vaccin, avant saillie).

4) Nouveau protocole de vermifugation des chats

J'ai donc dans un premier temps diminué drastiquement le vermifuge à la chatterie. Passant de tous les 2 mois, à tous les trimestres, puis 2 fois par an, puis compte-tenu des résultats, plus de vermifuge du tout pour les adultes SAUF si copro positive ... Ce n'était pas évident pour moi, psychologiquement. C'était des années de pratique à remettre en question et surtout une peur déraisonnable d'être infestée de parasites à la maison ...

Notre nouveau protocole de vermifugation

  • coprologie 3 fois par an, ou si symptômes : examen parasitologique + bactériologique
  • administration de vermifuge uniquement si l'examen coprologique revient positif, choix du vermifuge adapté au parasite (plus de traitement à l'aveugle)
  • depuis été 2022, vermifuge doux pour les chatons : généralement à la terre de Diatomée, ou à l'extrait de pépins de pamplemouse. Si selles pas jolies : examen coprologique parasito + bactério et on adapte comme pour les adultes avec un traitement / antibio / vermifuge précis et ciblé.

Prophylaxie environnementale (en place depuis 2017, mais essentielle) : 

  • retrait une à deux fois par jour des excréments, désinfection rapide des parois à la lingette désinfectante
  • vidage complet, nettoyage et désinfection de tous les bacs à litière une fois par semaine
  • PAS DE ROBOT litière qui est pour moi un piège sanitaire menant à une hygiène des bacs moins régulière & un contrôle des crottes moins parfait

Conclusion & résultats

Cet article n'a pas pour but de remplacer l'avis d'un vétérinaire. Je souhaite juste communiquer en toute tranparence sur ma pratique d'élevage et mon expérience vermifuge qui a été rude, et non sans conséquences.

Depuis que j'ai aboli le vermifuge systématique, les résultats se sont faits sentir : j'ai des crottes parfaites 99% du temps, des chats qui semblent globalement plus forts et plus joyeux, poil de meilleure qualité. J'ai retrouvé une certaine paix intérieure face à tout cela car cette façon de faire me semble plus rationnelle et scientifique

Cas d'école, intérêt de l'absence de Vermifuge systématique

J'ai eu une diarrhée sur une de mes portées à l'été 2022. Avant d'administrer un vermifuge qui aurait douché la flore intestinale des bébés, j'ai fait faire une copro. Résultat ? ZÉRO parasite ! Mais un léger déséquilibre de la flore avec une bactérie normalement présente dans toutes les flores intestinales félines, mais qui, ce coup là,  avait décidé de croître plus que de raison et donc de générer ce déséquilibre.

Rendez vous compte : si j'avais suivi bêtement les anciens protocoles, j'aurais fait PIRE que mieux ! J'aurais détruit une grosse partie des bonnes bactéries en vermifugeant (douche intestinale) et la bactérie qui avait décidé de nous embêter aurait certainement proliféré ...

Les chatons ont donc eu un traitement antibiotique adapté visant à calmer cette bactérie opportuniste + une cure de probiotiques afin de renforcer toutes les autres bonnes bactéries. Problème réglé en quelques jours. 😁


Si vous êtes arrivé.e jusqu'ici, bravo ! Et merci de votre attention. N'hésitez pas à partager vos expériences en commentaires :)